Cette technologie a été largement explorée depuis une trentaine d’année dans 2 domaines : la vaccination anti-cancer et la vaccination anti-infectieuse. On utilise dans ce type de vaccins un virus non pathogène pour déclencher une réponse immunitaire contre la maladie d’intérêt. Le virus utilisé est appelé « vecteur viral » : il s’agit de virus atténués, ou naturellement non pathogènes pour l’homme ; ils ne peuvent pas se répliquer. On a modifié leur génome en y insérant la séquence d’ADN ou d’ARN de la protéine d’intérêt, ici la protéine S du SARS-CoV-2. Une fois que le vecteur viral est injecté, il infecte des cellules de l’hôte, et leur délivre son ADN ou ARN ; la machinerie de la cellule exprime alors la protéine vaccinale, qui est prise en charge par les cellules présentatrices d’antigènes permettant d’activer les lymphocytes T et B. La nature virale du vecteur permet par ailleurs de développer un signal d’activation au système immunitaire, et donc la mise en place d’une réaction immune d’intérêt. Ces vaccins peuvent être classés en deux catégories.
1. Vecteurs viraux non réplicatifs
Les adénovirus humains et non humains sont des virus très utilisés dans les vaccins vectorisés viraux non réplicatifs. Ce sont des virus communs responsables de légers symptômes de type rhume ou grippe. Les candidats vaccins développés par l'Université d'Oxford-AstraZeneca et par Johnson&Johnson/Janssen reposent sur des adénovirus (adénovirus du chimpanzé pour le vaccin d’AstraZeneca [ChAdOx1, AZD1222], adénovirus humain pour le vaccin de Janssen [Ad26.COV2.s]). C’est aussi le cas du candidat-vaccin de Gamaleya [rAD26-S, puis rAd5-S] et du vaccin de CanSinoBIO [Ad5] développé en Chine (adénovirus humain). Parce que ces vecteurs adénoviraux sont volontairement porteurs d’un défaut de réplication, une fois que le virus a infecté une cellule, aucun autre virus n'est produit.
2. Vecteurs viraux réplicatifs
Les vaccins développés par MSD sont des exemples de vaccins vectorisés viraux réplicatifs. L’un d’eux utilise le virus de la stomatite vésiculeuse dont l’infection chez l'homme est généralement asymptomatique ou responsable d’une légère maladie de type grippal. Les chercheurs ont remplacé une partie de sa séquence d'ARN par de l'ARN codant pour la protéine S du SARS-CoV-2. Après qu’il a infecté une cellule hôte, la cellule fabrique puis exprime la protéine S ; le virus vaccinal étant compétent pour la réplication, celui-ci va donc à son tour infecter d’autre cellules, et ainsi de suite. Cette technologie imite donc plus fidèlement une véritable infection virale. Ces vecteurs réplicatifs ne peuvent pas être utilisés chez les immunodéprimés. Il a été annoncé le 25 janvier 2021 que MSD stoppait le développement clinique de ses 2 vaccins (reposant sur le virus de la stomatite vésiculeuse et sur le virus vaccinal de la rougeole respectivement) du fait d’une immunogénicité non optimale dans les essais de phase 1/2. D’autres vecteurs viraux réplicatifs sont en cours de développement.
Source : SPILF (Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française), 15/02/2021.